lundi 26 septembre 2011

La leçon de batterie











Samedi après-midi avant le match entre Bleus et Blacks, petite escapade sur la côte ouest d'Auckland. A 50 minutes en voiture, on trouve les Waitakere Ranges, véritable paradis pour les randonneurs. On n’a pas trop marché mais vu les plages de Karekare et de Piha. La première plage est composée de sable noir. On tombe dessus après 10 minutes passées sur un petit sentier qui déambule entre palmiers et fougères.  Il aurait pu servir de décor à la série Lost, les disparus. Cette plage, au décor jurassique, est connue pour avoir servi de cadre au film La Leçon de Piano, réalisé par Jane Campion. Le paysage est grandiose et tellement mystérieux. Des phoques se prélassaient même sur le grand rocher que l'on peut voir dans le film. Nous n'avons pas retrouvé le piano, ni Harvey Keitel mais un joueur de batterie qui enregistrait un clip et peut-être une maquette. Une scène complètement irréaliste mais beaucoup moins planante. Après cette séquence musicale, arrêt à Piha, une plage réputée pour ses grosses vagues. C'est le spot préféré des surfeurs d'Auckland.

dimanche 25 septembre 2011

Au nom des Îles


Deuxième match à l'Eden Park en deux jours. Auckland accueille les Fidji et les Samoa. Double haka au programme. Surprenant de voir les deux équipes s'observer,  les joueurs qui attendent deux minutes. Laquelle des deux va commencer son Haka en premier ? Ce sont les Samoans. Généralement un Fidji-Samoa, c'est des plaquages hauts, de grosses percussions, du jeu à la main et des essais. Hélas, la première mi-temps est toute autre. 12-0, que des coups de pied. Il faut dire qu'il a plu toute la matinée. La deuxième mi-temps n'est pas top non plus mais on aura vu des essais. Le spectacle aura duré un quart d'heure. Dès que le soleil est sorti en fait.

samedi 24 septembre 2011

Avant match






Alors que les supporters Blacks n'ont pas l'air très confiants, les fans tricolores, eux, sont bien en place dans les tribunes de l'Eden Park. La sono a lancé un Vino Griego, l'hymne de la Pena Baïona, qui a été repris par plus de 5000 supporters venus de Roman, Clermont, de la Côte Vermeille ou de Brest. Le temps d'écrire cela, les joueurs rentrent.

vendredi 23 septembre 2011

Le Haka Has-been ?

Alors que le Haka est visible partout, dans les stades mais aussi en ville et dans les cours d’écoles, cette danse mythique est actuellement contestée dans le monde du rugby. Trop de Haka tuerait-il le Haka ? Ce moment mythique dans une carrière de rugbymen qui est aussi, cela peut paraître surprenant, une cérémonie d’accueil, est peut-être un peu galvaudé pendant ce mondial.  Affronter le Haka néo-zélandais peut vous déstabiliser ou vous transcender mais c’est avant tout un privilège. Demain soir, les All Blacks devraient sortir leur Kapa O Pango, un haka plus virulent, qu’ils ne produisent que lors des grandes occasions. Le match contre la France, qui les a éliminés deux fois en coupe du monde en est une.

«Parfois, j’ai l’impression qu’il s’agit plus d’une action de com’ qu’autre chose. Le Haka ne me dérange pas plus que ça. Au contraire, ça me motive un peu plus et ça me fait même rire». Pascal Papé, le deuxième-ligne du XV de France et du Stade Français aurait dû retenir sa phrase avant qu’elle ne sorte de sa bouche. Il ne faut pas énerver un All Black et encore moins critiquer son Haka. C’est le sélectionneur de l’Afrique du Sud, Peter De Villiers qui a ouvert le débat la semaine passée. Il trouvait que voir trop de Hakas dévalorisait le mythe. C’est vrai que depuis le début de la coupe du monde, cette danse maorie est omniprésente en Nouvelle-Zélande. Dans les pubs, les magazines, les villages maoris où les touristes affluent et même au musée d’Auckland. Dans les boutiques de Queen Street, l’artère principale d’Auckland, les gadgets ne manquent pas. L’un des articles le plus vendus est un ourson en peluche, habillé en rugbymen, qui récite son Haka quand on lui appui sur le ventre. C’est plutôt mignon même en noir. On a même vu un gigantesque Haka « Flashmob », une chorégraphie composée de 300 danseurs, en plein centre-ville. 

L’approche du Haka a changé au fil des années. Ses gestes et ses interprétations aussi. Pour Pierre Villepreux, cette danse a trop évolué. « Le Haka, on le vivait pas vraiment explique l’ancien sélectionneur adjoint des Bleus. A l’époque, on l’écoutait gentiment, on se faisait des passes en attendant. Ce n’était pas un défi mais un concept culturel lié à la culture maori mais on ne répondait absolument pas au Haka. Aujourd’hui, les All Blacks sont assez agressifs dans leur approche du Haka.  Il y a une part d’exagération. » 

En France, nous avons des cours de chant. Eux ont des cours de Haka.

Avant, le Haka était un moment rare. On pouvait se lever à 4 heures du matin pour ne rien manquer de ce rite qui accompagne les All Blacks dans tous leurs matchs. On pouvait bien manquer le reste de la partie mais pas le Haka. Pendant cette coupe du monde, les Néo-Zélandais seront amenés à effectuer 7 fois cette danse maorie s’ils vont au bout. Au Haka kiwi viennent également se greffer les Hakas Fidjien, Samoan et Tongiens, très différents les uns des autres mais tout aussi spectaculaire, mais moins connus pour certains.
Le problème de cette overdose de Haka provient de sa propre histoire. Depuis le 30 août, chaque équipe engagée dans cette coupe du monde est accueillie sur le sol néo-zélandais par un Haka. Cela peut être celui d’une école d’Auckland comme celui d’un petit club de rugby. Et ce dès l’aéroport. Ensuite, les formations sont invitées dans des sanctuaires ou villages maoris appelés « marae ». Là, ils doivent « affronter » une cérémonie d’accueil composée de chants puis d’un Haka. Les femmes et les jeunes chantent à l’arrière et les hommes s’agitent à l’avant. Ce Haka n’a souvent rien à voir avec celui des All Blacks mais est un rituel obligatoire synonyme de « laisser passer. » D’ailleurs, le Haka, qui veut dire « faire » est le mot employé pour toutes les danses du Pacifique. On peut trouver des dizaines de versions différentes dans les écoles ou les clubs de rugby.  En France, nous avons des cours de chant. Eux ont des cours de Haka. Quand on se balade dans les villes de Nouvelle-Zélande, on peut assister par hasard, comme à Taupo l’autre jour, à une leçon de Haka dans la cour de l’école. Ce sont des moments rares et intenses.

Cela peut être virulent comme accueil mais c’est une forme de respect. La violence laisse ensuite place à l’apaisement. Il faut montrer que l’on vient en paix. L’équipe de France est passée par ce moment-là au marae d’Orakei, à l’Est d’Auckland. Tous les joueurs ont apprécié. Ils n’ont pas tout compris mais ils ont réalisé qu’ils étaient bien en Nouvelle-Zélande. Même les All Blacks ont dû montrer qu’ils étaient dignes de cette terre. Leur propre terre.

« Quand on regarde le Haka, il faut aussi avoir envie de les bouffer » Philippe Saint-André.

Pascal Papé trouve que le Haka est plus une action de communication qu’autre chose. Il n’a pas tort. C’est bien une sorte de communication. Il s’agit d’invité l’autre dans sa danse. Espérons que les Français danseront sur le même rythme. Car si ils ne fait plus rien à certains, le Haka peut avoir un gros impact sur le reste du match. Pour Philippe Saint-André « Le match ne se gagne pas pendant le Haka mais il peut se perdre là. Il faut les asphyxier dès le début car si on commence à subir les impacts et les plaquages, à se laisser dominer, cela peut aller très vite. Le Haka est quelque chose de fort et de motivant. Quand on regarde le Haka, il faut aussi avoir envie de les « bouffer ».

En 1999, les Français avaient chanté la Marseillaise en face des All Blacks. En 2007, les tauliers du groupe France avaient demandé à leur équipementier de leur faire des maillots bleus, des blancs et des rouges. Ils avaient dressé un mur tricolore au nez et à la barbe des Néo-zed. On sait ce qui s’est passé après ces deux Hakas. On ne sait pas ce que les Français ont préparé pour ce soir. Peut-être rien d’ailleurs. Mais à voir leurs petits sourires en coin, les Bleus ont encore des idées pour marquer le coup mais ils devront le faire avec respect sous peine de mettre le feu à cette coupe du monde. Les All Blacks, qui n’ont pas digéré ces déclarations et ces deux défaites terribles pour tout un pays, pourraient sortir leur plus virulent Haka demain soir : le Kapa O Pango. Ce Haka est moins complexe au niveau des paroles et identifie mieux la nation kiwi : « Laissez-nous nous unir avec notre terre, C'est notre terre qui gronde. Nous sommes les All Blacks, Il est temps ! C'est mon moment !Notre règne, Notre suprématie triompheront, Et nous atteindrons le sommet ! La fougère argentée ! »

Ce Haka a été créé car les Néo-Zélandais n'auraient pas apprécié le fait que les supporters sud-africains aient sifflé le Ka mate lors d'un précédent test-match. A l’époque, Tana Umaga avait mené un terrible Kapa O Pango contre les Springboks, balayés ensuite par les Blacks. Les paroles ne sont pas plus guerrières que La Marseillaise, en revanche, sa chorégraphie est terrifiante.

Le meneur du Haka tape sur le dos de ses coéquipiers à genoux qui eux, frappent le sol. Et pour finir, le meneur, qui est souvent un maori (comme Piri Weepu, le demi de mêlée qui sera titulaire demain) fait mine de se trancher la gorge tout en levant les yeux au ciel et en tirant la langue. Aller jouer au rugby après ça…Mais la signification maori voudrait dire tout autre chose et le geste a été un peu atténué pour ne pas dire aseptisé. Mais cela reste un moment incontournable. « Le Haka a toujours été impressionnant pour moi explique Olivier Magne. Quand on est joueur, on se nourrie de leur agressivité, on emmagasine de l’énergie. Le Haka, je le trouve encore plus impressionnant aujourd’hui. Les All Blacks, c’est un mythe, une équipe d’anthologie au pourcentage de victoires inégalé. C’est l’équipe de rugby par excellence. Et l’on voit tout ça à travers le Haka. »

G. B.
Photos DR et GB.

Tony Marsh : « Samedi soir, je supporterai les deux équipes »

Mardi 6 septembre. Ponsonby Road, numéro 285, dans le quartier à la mode de Ponsonby, à l’Ouest d’Auckland. Le rendez-vous avait été calé depuis longtemps au Salta Café pour retrouver Tony Marsh. Très pris par ses différentes activités, il nous a accordé une bonne heure de sa matinée. Décontracté, lunettes de soleil sur le nez, survêtement et tee-shirt, Tony est toujours aussi enjoué que pendant ses années clermontoises. Ne pas aller à sa rencontre pendant cette coupe du monde en Nouvelle-Zélande était impossible. International français à la double nationalité et vivant à Auckland, l’ancien trois-quarts centre de l’ASM est la personne idéale pour nous parler de cet événement et de son pays, mais aussi de sa deuxième patrie, la France. Et bien sûr du choc entre les All Blacks et les Bleus demain.

Tony, que deviens-tu ? Quelles sont tes activités aujourd’hui à Auckland ?
Aujourd’hui, je suis préparateur physique pour l’équipe de Squash de Nouvelle-Zélande. Cela fait huit mois que je les prépare. A côté, je suis coach personnel dans une salle de sport du centre-ville. Je créé des programmes sportifs pour les particuliers. Le Pastis café, ce n’est pas à moi mais je donne un coup de main. En rentrant de France en 2009, il y a deux ans, j’y suis allé le 14 juillet avec un ami qui m’a amené là-bas et je me suis dit, c’est pas mal, j’aimerais bien bosser ici pour continuer à parler et rencontrer des Français. Au début, je bossais un soir par semaine derrière le comptoir mais ce n’était pas un travail pour moi, c’était un plaisir. Je rentrais dans un autre monde, cela me rappelait un peu la France. Après la finale de 2007, je n’ai rien fait pendant un an, j’ai fait des études, puis je suis revenu à l’ASM comme préparateur physique pendant une année avant de repartir en Nouvelle-Zélande pour compléter mon cursus de préparateur physique.

Comment vis-tu cette coupe du monde qui a lieu dans ton pays ?
Disons que j’ai beaucoup de travail, je viens de déménager aussi donc je n’ai pas eu beaucoup de temps pour réfléchir et analyser tout ça. Depuis quelques semaines, l’ambiance, la tension est montée d’un cran. La coupe du monde est partout. Tout le monde avait hâte que cela commence. Moi aussi je participe un peu à l’événement car je commente les matches pour la télé maori et TV NZ et après je fais les analyses d’après-match de l’équipe de France.

«Il y a plusieurs années, dans les écoles, il était presque interdit de parler maori. Aujourd'hui, c'est l'inverse. »

As-tu revus tes anciens coéquipiers de l’équipe de France ?
Aurélien, Cédric Heymans, Damien Traille, j’ai joué avec eux comme avec Nallet, Papé, Poux ou Imanol avec qui on a fait le Grand Chelem en 2002. J’ai eu Aurélien par texto. On va essayer de se voir bientôt. J’irai bien les voir à Takapuna mais j’ai aussi un travail et il me faudrait plus de temps en ce moment.

Toi qui as joué trois-quarts centre comment analyses-tu l’explosion d’Aurélien Rougerie à ce poste ?
Aurélien a des capacités énormes même au centre, il a beaucoup progressé en attaque et au niveau de la distribution du jeu. En défense aussi, on me dit qu’il se place mieux. En attaque, c’est le type le plus dangereux en équipe de France. Pour les Bleus, il faudrait un numéro 10 de très haut niveau. Sans cela, cela va être très compliqué. Trinh-Duc est encore jeune. Il aurait fallu aussi un centre du niveau de Yannick Jauzion en termes d’expérience. Cela va beaucoup joué. Aurélien est là pour combler ce vide, il semble au-dessus des autres et il est habitué à ce type de match. Même si il ne l’avoue pas, il a un petit peu de pression sur ces épaules.

Comment vois-tu ce match entre les All Blacks et la France à l’Eden Park ?
Depuis que j’ai arrêté, j’ai pris un peu de recul, je suis moins le rugby. Je suis surtout les résultats de l’ASM sur internet, ce qui se passe au club aussi. Ici, je ne regarde pratiquement pas le rugby. Samedi, je ne supporterai pas plus la Nouvelle-Zélande que la France. J’aimerais beaucoup voir un bon match. Je ne pense pas du tout que les All Blacks soient favoris. Ce qui se passe avant la coupe du monde ne compte pas. On rentre dans un autre contexte, dans une autre pression. Les équipes doivent jouer trois matchs de haut niveau à la suite à partir des quarts de finale. Beaucoup d’équipes ne sont pas capables de le faire. Les Blacks, je ne sais pas, je me pose des questions. L’équipe de France, je ne pense pas. Avec les Bleus, ce sera tout ou rien mais ils sont encore capables de battre n’importe qui. On ne sait jamais comment ils vont jouer, c’est ça qui est fou ! Le Tournoi n’a pas été terrible mais cela ne veut pas dire grand-chose. Les All Blacks ont toujours la pression, ils sont habitués mais cette fois, ils l’ont un peu plus. Pour eux, gagner la coupe du monde, c’est aujourd’hui ou jamais.

Avec du recul et ton retour au pays, que représente le fait que tu aies la double nationalité ?
Le temps que j’ai passé en France m’a enrichit. J’ai beaucoup changé, j’ai muri, je ne suis plus la même personne que quand je suis parti de Nouvelle-Zélande il y a 15 ans. Je parle au niveau rugby mais surtout en tant qu’homme. Vivre à l’étranger dans un pays comme la France ou tout est différent. Je n’ai pas de regrets de n’avoir jamais joué avec la Nouvelle-Zélande. Comme pourrais-je ? Au contraire. Je suis retourné en France il y a deux mois pendant deux semaines. Quand tu vis dans un pays, tu n’apprécies pas forcément toutes les choses. Mais quand tu y reviens en vacances, tu as une autre approche, une autre vision des choses. Même les choses simples comme discuter, manger ou boire du vin.  A Clermont, j’ai mes habitudes, je reviens dans les mêmes cafés, les mêmes restaurants. J’aime discuter avec le patron. Comme à l’Atelier.

Quel est ton rapport avec la culture maorie qui semble en pleine explosion depuis quelques mois ?
Ma mère est maorie mais je n’ai pas grandi dans cet esprit. C’est bizarre en fait, car depuis que je suis rentré, cela a beaucoup changé. Cette culture s’est émancipée, on la voit dans les écoles, on le parle de plus en plus. Je parle Anglais et Français, mais je ne parle pas maori. C’est dommage et je veux apprendre cette langue. Après, cette culture n’est pas présente partout à Auckland. Cela dépend des quartiers. J’ai grandi dans le sud d’Auckland, dans un quartier beaucoup moins huppé que Ponsonby. Si je vis ici aujourd’hui, c’est que c’est plus facile à vivre au quotidien. C’est central, je suis près de mon travail. On a des soucis dans notre pays avec cette culture, c’est clair. Mais on la voit de plus en plus. Dans les magasins, on ne voyait jamais d’objets avec des symboles maoris avant. Aujourd’hui, on a une télévision qui donne un éclairage sur cette culture, sur ce que les maoris produisent. Dans les écoles, on pratique toujours les Hakas. Le Haka a beaucoup changé aussi. Avant c’était très classique, aujourd’hui tout a changé. Il y a plusieurs années, dans les écoles, il était presque interdit de parler maori, aujourd’hui, c’est l’inverse. Avec le traité de Waitangi, tout n’a pas été résolu. La population maorie est plus touchée par le chômage et les problèmes de santé que les autres. 

Le Haka, cela représente quoi pour toi ?
En 2003 en Australie, durant le match pour la troisième place (Victoire de la Nouvelle-Zélande 40 à 13), j’ai joué contre eux. Un jour, un joueur de l’équipe de France m’a dit que les All Blacks étaient différents des autres car ils ont ce maillot noir et ce Haka qui fait qu’il existe un truc autour d’eux. En 2003, pour cette troisième place, il y avait moins d’enjeu donc le Haka ne m’a pas fait grand-chose. Par contre, quand j’ai joué pour la deuxième fois contre eux en novembre 2004 au Stade de France pour mon dernier match avec les Bleus, c’était différent (Victoire de la Nouvelle-Zélande 45 à 6). Cela m’a marqué. Cela m’a surpris de le voir. En plus c’est Tana (Umaga) qui le menait. Même en tant que kiwi, j’étais étonné.

Tu n’avais pas envie d’être avec eux ?
Non, c’est peut-être l’un des meilleurs souvenirs de ma carrière. C’était mon dernier match en Bleu, je ne le savais pas encore, contre la Nouvelle-Zélande, au Stade de France. Il y avait les hymnes aussi. J’aurais pu chanter les deux. Mais j’étais très fier d’être néo-zed. Il y avait des gars avec qui j’avais joué, le staff All Blacks m’avait entraîné en club. Et d’un autre côté, j’étais très fier de jouer en équipe de France (1). Très fier d’avoir grandi ici, de jouer contre les All Blacks et de jouer sous le maillot de l’équipe de France.  On a pris 40 points mais j’étais sur un nuage pendant quelques jours. J’étais comme un gamin.

Propos recueillis à Auckland par Guillaume Bonnaure. Photos G. B.
(1)    Tony Marsh compte 21 sélections avec l’équipe de France.
L'intégralité de cette interview est à lire dans le dernier Rugby Infos Clermont.
 


Samoans de Clermont





On parle beaucoup du match de samedi soir entre les Bleus et les Blacks, c'est normal. Mais on oublierait presque l'autre affiche de ce weekend entre les Fidji et les Samoa. Le match qui se joue lui aussi à l'Eden Park d'Auckland dimanche à 15h30 promet beaucoup entre deux équipes qui veulent toujours espérer dans cette poule de la mort. Il n'y a plus de place à vendre pour cette rencontre au double Haka. Avec le Pays de Galles et l'Afrique du sud dans cette poule D, les deux équipes du Pacifique ont peu de chance de sortir en quarts de finale. Mais pourquoi pas ? Pour l'instant les Samoans sont deuxièmes et affrontent les Springboks lors du dernier match. Plusieurs Clermontois ou ex-clermontois jouent dans ces deux équipes. Pour le prochain Rugby Infos Clermont, j'ai rencontré le talonneur de l'ASM et des Samoa, Ti'i Paulo, dans l'hôtel de l'équipe, à Green Lane à 15 minutes en train du centre d'Auckland. Tii vient d'être papa mardi pour la deuxième fois d'une petite Florence. Il ne joue pas beaucoup (comme Iosefa Tekori et Census Johnston qui brillent pourtant dans le championnat français avec Castres et Toulouse) mais il est comblé. C'est aussi sa première coupe du monde. Tasesa Lavea qui a quitté Clermont cet été est aussi venu nous dire un petit bonjour, tout comme le pilier de Toulouse Census Johnston. Un moment très sympa.

jeudi 22 septembre 2011

Gueules de supporters




Faut-il avoir peur du noir ?

 Le match de samedi soir entre les Bleus et les All Blacks s’annonce palpitant. Depuis le tirage au sort des poules, on promet une déculottée aux hommes de Marc Lièvremont. Même si en 1999 et en 2007, le XV de France a ruiné les rêves de victoire des kiwis, aujourd’hui, personne ne croit au miracle. Malgré tout, la Nouvelle-Zélande n’est pas infaillible. Philippe Saint-André, Olivier Magne, Vern Cotter et Pierre Villepreux nous expliquent pourquoi.


Vern Cotter : « Il y a deux équipes qui peuvent faire déjouer les All Blacks. La France et les Springboks. »

"C’est énorme, c’est évènement est fédérateur. Déjà le rugby, c’est un phénomène  qui réunit tout le monde en Nouvelle-Zélande et avec la coupe du monde encore plus. Nous n’avons pas gagné depuis 1987 chez nous alors l’attente est encore plus forte. Les All Blacks n’ont jamais gagné durant l’ère professionnelle. Il y a une grosse pression mais aussi une grande excitation du peuple néo-zélandais. On voit bien que l’équipe est mûre. Je pense qu’ils sont prêts à gagner cette coupe du monde et ils ont beaucoup appris par le passé. Ils vont être difficiles à battre. Que ce soit les joueurs ou le staff, ils ont bien préparé tout ça. Je croise les doigts pour que ce soit la bonne. La France peut aussi faire déjouer les All Blacks. Je pense qu’il n’y a que deux pays qui peuvent le faire, au niveau matière, densité physique et explosivité, c’est la France et l’Afrique du Sud donc il faut faire attention à ces deux équipes-là. On a vu par le passé que les équipes de l’hémisphère nord figurent bien dans la coupe du monde. Cela va être fascinant de voir les stratégies et cette partie d’échecs, et comment les équipes vont se comporter avant les quarts de finale."

Philippe Saint-André

Double vainqueur en 1994 (Tournée en NZ, 23-20 et 22-8) et en 1995 (Test match au Stadium de Toulouse, 22-15. Il avait inscrit un essai en coin devant Lomu)

"Là-bas en Nouvelle-Zélande, le rugby est une religion. Après, il faut savoir les faire douter, tuer l’espace-temps et les Français sont bons pour ça. Par contre, quand cette équipe a la balle, il faut vite les empêcher de développer leur jeu. Ce sont les Brésiliens du rugby."

Olivier Magne : « Ne jamais s’arrêter de jouer »

Vainqueur à Twickenham en 1999 (1/2 finale de coupe du monde, 43-31) et en 2000 à Marseille (Test Match, 42-33 avec un essai du flanker casqué).

"Quand on les a battus, à Twickenham ou à Marseille en 2000 au Vélodrome, cela a toujours été de gros scores. Contre eux, il ne faut jamais s’arrêter de jouer. L’idée est de pouvoir marquer plus qu’eux. Il ne faut surtout pas jouer petits bras. En quarts de finale à Cardiff en 2007, les Bleus de Bernard Laporte ont peut-être fait le contraire mais ce sont surtout les All Blacks qui ont oublié de prendre des points. La Nouvelle-Zélande nous craint sur le jeu que nous pouvons mettre en place. Il faut contre-attaquer de manière immédiate. En 1999, notre retard était très important. Aujourd’hui, notre championnat nous permet de nous mettre dans de bonnes conditions. Il faut arriver à enchaîner des temps de jeu à 100% de la vitesse. Ça, les All Blacks le font constamment. A nous de le faire aussi."

Pierre Villepreux : « Il faut leur mettre la pression »

Co-entraîneur de l’équipe de France de 1996 à 1999. International 
(34 sélections).
"C’est un peu toujours la même faille. Si défensivement, on n’arrive pas à les contrer, à leur faire rendre des ballons au pied, on ne pourra pas les battre. Il faut mettre cette pression qui les empêche de jouer, d’enchaîner les temps de jeu. Si on subit l’avancée des Néo-Zélandais, ce sera dur. Mais ça, c’est le rugby de toujours, d’hier et de demain. Il ne faut surtout pas faire l’impasse sur ce match. Il faut avoir l’ambition de finir premier de la poule. Ce n’est jamais bon dans la tête de prendre 50 points. Médiatiquement, c’est aussi un match très important. C’est la première fois que les deux nations se rencontrent en match de poule. Cela va créer un climat psychologique différent. Comment les All Blacks vont-ils aborder ce premier match capital ?"

Propos recueillis par G. B. Photos DR

Rapids Jet, ça décoiffe !








Passage obligé de ce séjour à Taupo, la séance de jet Boat sur les rapides du Waikato River où ont été tournés plusieurs films dont le prochain Peter Jackson. Dans un hors-bord de 500 chevaux, autant vous dire que cela décoiffe. L'article (eh oui, il faut bien faire ça quand on est invité...) dans quelques jours.

Taupo rigolo








En Nouvelle-Zélande, on peut choisir ce que l'on veut mettre sur sa plaque d'immatriculation. On a déjà vu des Français avec Zidane marqué sur la plaque de leur voiture. Ce Van a lui aussi reçu les honneurs d'une appellation d'origine non-contrôlée...Les Anglophones comprendront...Rigolo également ce parcours de golf qui consiste à envoyer sa balle dans un trou situé...sur le lac. Il faut être sacrément adroit et jouer avec le vent. A gagner : des chèques et des billets pour le rafting, un baptême de l'air...Pas sûr que cela soit très écologique...

Lac Taupo, Le plateau central

Mardi, retour vers Auckland.
 





Traverser l'île du Nord sans s'arrêter au lac Taupo ou à Rotorua aurait été dommage. Entre Auckland et Napier, le plateau central est le paradis des randonneurs et des amateurs de sensations fortes (Rafting, saut à l'élastique, Jet dans les rapides, saut en parachute...). Grand comme Singapour, le lac Taupo est le résultat d'une irruption volcanique. C'est aussi le paradis des pêcheurs à la truite. Au loin, au fond du lac se dresse le Mont Tangariro et le Mont Ruapehu, un volcan encore en activité d'une hauteur de 2797 mètres. Encore enneigés, ils ressemblent au Mont Fuji. Ces photos ont été prises sur le lac. Lors de cette ballade en bateau, on peut également voir une immense œuvre maorie gravée dans la roche (Maori Rock Carving). A la fin des années 70, le maître Matahi Whakataka a réalisé ce portrait d'un navigateur maori qui a vécu il y a 2000 ans de cela. On peut s’approcher aussi en kayak.