Le deuxième-ligne écossais de l’ASM connait bien le rugby irlandais
pour avoir porté les couleurs du Leinster pendant deux saisons avec lequel il
remporta un titre de champion d’Europe en 2011. Après avoir battu deux fois son
ancien club en poule, il s’attaque au grand rival des Dublinois et à son
capitaine, Paul O’Connell.
Après le Leinster l’an dernier, c’est le Munster qui se présente à
l’ASM en demi-finale. Vous auriez préféré jouer les Harlequins ?
Non pas du tout. Les Harlequins
étaient favoris en quart de finale mais le Munster a sorti un gros match. Cela
ne me gêne pas que ce soit le Munster. On se prépare pour jouer n’importe
qu’elle équipe. A nous de trouver leurs points faibles et d’appuyer dessus. Le
Munster a une grosse expérience en H Cup, ils ne sont pas bien placés en Ligue
celte alors ils auront envie de jouer cette H Cup à fond.
Tu connais bien cette équipe pour avoir passé deux saisons au Leinster…
Il y a eu quelques changements
depuis deux ans. Des jeunes sont arrivés comme Donnacha Ryan, Peter O’Mahony ou
Simon Zebo. La troisième-ligne a rajeuni, le Munster est plus dangereux avec
ces jeunes mais le style de jeu est resté le même. Le Munster, c’est très fort
en conquête avec un Ronan O’Gara qui met la pression chez toi au pied. Ce ne
sont pas des clichés, c’est le Munster. Ils veulent d’abord gagner du terrain
et mettre la pression.
Doit-on s’attendre à un match différent que contre le Leinster l’an
dernier ?
On ne peut pas comparer les deux équipes,
les deux demi-finales et si on ne joue pas à notre niveau, nous allons perdre
tout simplement. Il faut respecter les bases. Contre le Leinster l’an dernier,
on a eu les opportunités mais nous n’avions pas su les prendre. Cette fois, il
faut les saisir ! Si on les empêche d’avancer devant, cela va passer.
Sinon…
« Nous avons
encore beaucoup bossé les rucks car il est important d’avoir les ballons vites
de notre côté. »
La bataille des rucks va-t-elle encore faire rage ?
C’est un peu différent du Leinster.
Le Munster aune façon très particulière de plaquer. Les joueurs irlandais te
plaquent en haut du corps au niveau du ballon pour que tu ne puisses pas le
libérer rapidement. Ils t’étouffent, forment un maul et si le ballon ne sort
pas, l’arbitre leur rend le ballon. L’introduction en mêlée sera pour eux. Cela
a bien marché contre les Harlequins. A l’ASM, nous sommes conscients de cette
phase de jeu. A nous d’être vigilants.
C’est la clé du match ?
L’an dernier, nous étions déjà au
point sur les zones de rucks mais cette saison, nous avons encore beaucoup
bossé sur cette phase de jeu car on peut gagner des matches dans ce domaine.
C’est un secteur prioritaire, encore plus contre les Irlandais et en fin de
saison. Il est important d’avoir les ballons vites de notre côté. Contre
Montpellier, nous, les avants, nous étions très contents car dès qu’il y avait
un intervalle de plus de 50 centimètres, les trois-quarts s’y engouffraient.
Cela fait plaisir. Mais contre le Munster, qui garde beaucoup et longtemps le
ballon, tu as tendance à te précipiter dès que tu l’as. Tu veux vite
l’utiliser, attaquer. Cela te rajoute de la pression.
En face de toi et de Jamie, il y aura Paul O’Connell, un monument du
rugby irlandais. Qu’est-ce qu’il représente pour toi ?
O’Connell, c’est juste un bon
deuxième-ligne pour moi…Il a longtemps été blessé et il a été homme du match
contre les Harlequins. C’est la poutre de ce pack et le Munster joue mieux avec
lui. En dehors du rugby, c’est quelqu’un de serein, de sérieux mais il n’est
pas aussi bosseur qu’un Jonny Wilkinson. Il ne va pas faire trois heures
d’entraînement en plus. Paul est sérieux, il bosse il fait tout ce qu’il faut.
Mais il lui manque un peu de rythme. Enfin, c’est ce qu’il disait…
En décembre 2008, Jamie Cudmore avait pris un rouge pour une bagarre
avec O’Connell et cinq semaines de suspension…
Jamie a changé, il est plus
calme, il est moins pénalisé, prend moins de cartons…Dan une demi-finale de H
Cup, tu n’as pas le droit d’être expulsé. Cela vaut aussi pour O’Connell. Mais
c’est vieux tout ça maintenant, les deux joueurs se sont calmés.
Êtes-vous meilleurs que l’an dernier ?
Je pense que l’on a tiré les
leçons de la saison dernière. L’an dernier, si nous avions fait les mêmes vingt
premières minutes que contre Montpellier, nous nous serions inquiétés…Là, nous
n’avons pas paniqué, nous étions plus calmes, plus sereins.
Recueillis par Guillaume Bonnaure.