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Eric Bayle, le directeur du service rugby à Canal+, nous donne ses impressions sur cette nouvelle saison de Top 14, mais aussi sur Clermont et Toulon, les deux locomotives du championnat.
Quels sont les résultats des trois premières journées en termes
d’audience ?
Comme pour le jeu et le
spectacle, on dira qu’il est encore tôt pour faire un bilan. Mais nous sommes
très satisfaits des premières affiches. Lors de la première journée,
Toulouse-Castres a réuni plus de 750 000 personnes et le dernier
Biarritz-Toulouse un peu plus de 700 000. C’est très bien pour un début de
saison. L’émission « Jour de rugby » est également au même
niveau que l’année dernière après trois journées. La nouvelle formule semble
avoir séduit les téléspectateurs.
L’arrivée d’Isabelle Ithurburu sur « Jour de rugby »
amène un peu de fraîcheur. C’est ce que vous vouliez ?
« Jour de rugby » a
toujours été satisfaisant, mais là nous changeons de formule et d’horaire.
L’émission est intégrée dans « Samedi Sport » et est lancée par
Thomas Thouroude qui assure le fil rouge. Nous n’avions pas beaucoup de
présentatrices affirmées sur le rugby et Isabelle Ithurburu est tout à fait à
l’aise sur le rugby, son sport de prédilection. Elle avait déjà travaillé sur
Infosport, à la présentation de « Samedi Sport », et avec moi sur le
journal de la Coupe du Monde l’an dernier.
« Avoir le match de rugby avant le match de football permet de rassembler les deux publics, de créer une synergie. »
Les nouveaux horaires des matches n’ont pas changé les habitudes des
téléspectateurs ?
Les clubs ont l’air ravis de ces
nouveaux horaires de la fin d’après-midi car cela leur permet d’organiser plus
d’évènements de relations publiques autour du match le soir. Pour le Top 14,
les matches du vendredi soir et du samedi soir ne changent pas. Il n’y a que
l’affiche du samedi après-midi qui est reculée d’une heure. Avoir ce match de
rugby avant le match de football permet de rassembler les deux publics, de
créer une synergie, une sorte de feuilleton parallèle et tout le monde peut y
gagner. « Jour de rugby » est également avant « Jour de
foot ». C’est une très bonne exposition pour le rugby.
La Pro D2 joue en même temps. Vous n’avez pas peur que les deux
compétitions s’entrechoquent ?
En ce qui concerne la Pro D2,
Canal+ n’est pas responsable. Ce n’est pas de notre ressort. La LNR a demandé
aux présidents des clubs de Pro D2 ce qu’ils préféraient comme horaires. Ils
ont répondu que ces horaires leurs convenaient. Dont acte.
Quel est votre regard sur ce nouveau Top 14, peut-être le plus relevé
depuis sa création ?
L’an dernier, nous avions 7
équipes qui pouvaient prétendre aux six premières places. Avec de la chance,
nous en aurons dix cette saison. Je suis assez optimiste car la saison dernière
avait été perturbée par la Coupe du Monde. J’espère que cette saison sera
accrochée et séduisante visuellement.
Toulon est souvent programmé en affiche sur les journées de ce début de
championnat. C’est normal ?
Oui, Toulon fait partie des
locomotives de ce Top 14 au même titre que l’ASM et le Stade Toulousain. C’est
normal qu’on les retrouve souvent, mais en même temps, leurs parcours
permettent de diffuser des affiches inédites avec des équipes moins médiatiques
comme à Mont-de-Marsan. Nous avons trois matches par journée sur Canal+, et on
peut dire que dès la 4e journée, toutes les équipes du Top 14 ont
été diffusées sur notre antenne.
Vous attendez beaucoup de cette équipe de « galactiques » en
termes d’audience ?
Toulon c’est un peu le PSG, cette
saison, en termes de recrutement. L’ASM avait fait un gros recrutement l’an
dernier, cette année c’est Toulon. C’est positif pour le championnat d’avoir
des stars internationales. À une époque, les commentateurs se plaignaient de
n’avoir que Toulouse. Aujourd’hui, il y a Toulon, l’ASM, Castres, le Racing, le
BO et Toulouse. C’est palpitant.
« L’ASM a pour moi le plus beau stade de Top 14. Si on fait ASM-Racing-Métro un dimanche soir à 21 heures à la place du football, ce n’est pas un hasard. »
Plus que de Clermont ?
Les clubs comme l’ASM, Toulouse
et Toulon passionnent les foules. Ces trois équipes, par leur palmarès ou leurs
résultats récents, leur activité, attirent la lumière. Pour moi, Clermont est
l’équipe qui a produit le plus beau jeu sur les trois dernières années. Plus
que Toulouse et bien avant le RCT. Il y a bientôt un Toulouse-Toulon (le 29
septembre) et un Toulouse-Clermont (le 1er décembre) qui s’annoncent
superbes.
André Boniface a été très critique sur votre antenne envers le jeu de
Toulon. Cette équipe ne laisse décidément pas indifférente ?
Toulon fait les gros titres par
son recrutement, par sa passion, par la personnalité de son président. Les
amateurs de rugby sont en droit d’attendre beaucoup de cette équipe. Pour
l’instant, ils gagnent avec efficacité. Toulon n’est pas dans une logique du
spectacle et je pense qu’il ne le sera pas. Le RCT veut gagner un trophée. Et
Toulon subira la lumière des projecteurs au même titre que l’ASM ou le Stade
Toulousain. Toulon fait l’actualité, attire l’œil et les médias. Le RCT ne peut
pas se cacher, elle est l’équipe à battre tous les weekends en Top 14. Qui va
faire tomber le RCT ? C’est le nouveau challenge de ce Top 14.
Il y aura un doublon pour l’affiche entre l’ASM et Toulon le 10
novembre, jour de France-Australie. Est-ce déjà dommage ?
Les doublons sont subis par
Canal+ comme par beaucoup de gens. L’an dernier, ASM-Racing-Métro, un jour de
doublon, avait été une superbe affiche avec une très belle ambiance. ASM-Toulon
restera une énorme affiche malgré l’absence de quelques internationaux. Mais
l’ASM sera cette saison amenée à se passer de certains cadres pour les faire
souffler. Les entraîneurs ont recruté en fonction de ça et feront tourner. Le
Michelin fera quand même le plein, doublon ou pas.
Est-ce différent de commenter à Toulon ou à Clermont ?
Absolument pas. Ce qui est
intéressant, c’est de commenter dans un stade plein, souvent à guichets fermés.
À Clermont comme à Toulon, on ne se pose pas la question de savoir si ce sera
vide dans les coins. L’ASM a pour moi le plus beau stade de Top 14. Si on fait
ASM-Racing-Métro un dimanche soir à 21 heures à la place du football, ce n’est
pas un hasard. C’est que le stade de Clermont offre les mêmes garanties qu’un
stade de Ligue 1.
Lionel Faure, un ancien Clermontois, est venu rejoindre votre équipe de
Spécialistes autour de François Trillo. Comment l’avez-vous trouvé ?
Je l’ai contacté car Mathieu Blin
partait à Agen et il fallait quelqu’un de la confrérie de la première ligne
pour le remplacer et pour parler de la mêlée. J’ai beaucoup apprécié ses
premiers pas. Il était stressé au début mais je suis satisfait de sa
prestation.
Philippe Sella, qui a été votre partenaire pendant de nombreuses
années, est désormais manager du SU Agen. Qu’est-ce que cela vous fait de ne
plus commenter avec lui ?
Oui, cela m’a fait bizarre et,
lors du premier match que j’ai commenté avec Thomas Lombard, j’ai failli
l’appeler Philippe. J’ai d’ailleurs appelé Thomas Castaignède Philippe lors de
notre deuxième match. Thomas Lombard est très bon et j’ai l’habitude depuis
longtemps de commenter avec Thomas Castaignède. Ce qui me peine le plus, c’est
de voir le visage de Philippe dans les tribunes. Il est tendu car il a une
saison difficile avec Agen et il avait beaucoup moins de pression avec nous.
Mais je comprends qu’il ait voulu tenter l’aventure.
Propos recueillis par Guillaume Bonnaure (Article paru en septembre).
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