jeudi 22 septembre 2011

Faut-il avoir peur du noir ?

 Le match de samedi soir entre les Bleus et les All Blacks s’annonce palpitant. Depuis le tirage au sort des poules, on promet une déculottée aux hommes de Marc Lièvremont. Même si en 1999 et en 2007, le XV de France a ruiné les rêves de victoire des kiwis, aujourd’hui, personne ne croit au miracle. Malgré tout, la Nouvelle-Zélande n’est pas infaillible. Philippe Saint-André, Olivier Magne, Vern Cotter et Pierre Villepreux nous expliquent pourquoi.


Vern Cotter : « Il y a deux équipes qui peuvent faire déjouer les All Blacks. La France et les Springboks. »

"C’est énorme, c’est évènement est fédérateur. Déjà le rugby, c’est un phénomène  qui réunit tout le monde en Nouvelle-Zélande et avec la coupe du monde encore plus. Nous n’avons pas gagné depuis 1987 chez nous alors l’attente est encore plus forte. Les All Blacks n’ont jamais gagné durant l’ère professionnelle. Il y a une grosse pression mais aussi une grande excitation du peuple néo-zélandais. On voit bien que l’équipe est mûre. Je pense qu’ils sont prêts à gagner cette coupe du monde et ils ont beaucoup appris par le passé. Ils vont être difficiles à battre. Que ce soit les joueurs ou le staff, ils ont bien préparé tout ça. Je croise les doigts pour que ce soit la bonne. La France peut aussi faire déjouer les All Blacks. Je pense qu’il n’y a que deux pays qui peuvent le faire, au niveau matière, densité physique et explosivité, c’est la France et l’Afrique du Sud donc il faut faire attention à ces deux équipes-là. On a vu par le passé que les équipes de l’hémisphère nord figurent bien dans la coupe du monde. Cela va être fascinant de voir les stratégies et cette partie d’échecs, et comment les équipes vont se comporter avant les quarts de finale."

Philippe Saint-André

Double vainqueur en 1994 (Tournée en NZ, 23-20 et 22-8) et en 1995 (Test match au Stadium de Toulouse, 22-15. Il avait inscrit un essai en coin devant Lomu)

"Là-bas en Nouvelle-Zélande, le rugby est une religion. Après, il faut savoir les faire douter, tuer l’espace-temps et les Français sont bons pour ça. Par contre, quand cette équipe a la balle, il faut vite les empêcher de développer leur jeu. Ce sont les Brésiliens du rugby."

Olivier Magne : « Ne jamais s’arrêter de jouer »

Vainqueur à Twickenham en 1999 (1/2 finale de coupe du monde, 43-31) et en 2000 à Marseille (Test Match, 42-33 avec un essai du flanker casqué).

"Quand on les a battus, à Twickenham ou à Marseille en 2000 au Vélodrome, cela a toujours été de gros scores. Contre eux, il ne faut jamais s’arrêter de jouer. L’idée est de pouvoir marquer plus qu’eux. Il ne faut surtout pas jouer petits bras. En quarts de finale à Cardiff en 2007, les Bleus de Bernard Laporte ont peut-être fait le contraire mais ce sont surtout les All Blacks qui ont oublié de prendre des points. La Nouvelle-Zélande nous craint sur le jeu que nous pouvons mettre en place. Il faut contre-attaquer de manière immédiate. En 1999, notre retard était très important. Aujourd’hui, notre championnat nous permet de nous mettre dans de bonnes conditions. Il faut arriver à enchaîner des temps de jeu à 100% de la vitesse. Ça, les All Blacks le font constamment. A nous de le faire aussi."

Pierre Villepreux : « Il faut leur mettre la pression »

Co-entraîneur de l’équipe de France de 1996 à 1999. International 
(34 sélections).
"C’est un peu toujours la même faille. Si défensivement, on n’arrive pas à les contrer, à leur faire rendre des ballons au pied, on ne pourra pas les battre. Il faut mettre cette pression qui les empêche de jouer, d’enchaîner les temps de jeu. Si on subit l’avancée des Néo-Zélandais, ce sera dur. Mais ça, c’est le rugby de toujours, d’hier et de demain. Il ne faut surtout pas faire l’impasse sur ce match. Il faut avoir l’ambition de finir premier de la poule. Ce n’est jamais bon dans la tête de prendre 50 points. Médiatiquement, c’est aussi un match très important. C’est la première fois que les deux nations se rencontrent en match de poule. Cela va créer un climat psychologique différent. Comment les All Blacks vont-ils aborder ce premier match capital ?"

Propos recueillis par G. B. Photos DR

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